Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont

1Camille Claudel, artiste sculpteur reconnue, qui a vécu avec Rodin, quelques années. Voilà tout ce que je connaissais d’elle. Je ne savais pas qu’elle avait passé le plus clair de sa vie dans les ombres de la dépression  ni résidé durant les 30 dernières années de son existence aux soins de bonnes soeurs, entre les murs d’un asile psychiatrique. Le film dont je vais vous parler aborde un tout petit moment de sa vie, elle est internée depuis quelques mois dans un asile du Sud de la France. Le film chronique ce moment, cet hiver 1915 , où l’on comprend qu’elle n’en sortira jamais.

Je n’avais pas mis ce film dans ma liste, je n’en avais même pas entendu parler le moins du monde. Mais comme mon amie n’était pas tentée par Jappeloup, je changeais mon fusil d’épaule et lui proposais de partager, une heure et demi durant, la vie recluse d’une ancienne artiste ayant sombré dans la folie. Le film est d’une dureté incroyable. Tout est extrêmement lent, comme le temps au sein de cet abbaye austère où « les étranges créatures » qui la peuple avancent au ralenti. Des plans fixes comme le regard de cette femme brisée, certaine au plus profond de sa moelle que l’on complote contre elle, que l’on veut l’empoisonner, que l’on veut piétiner ce qui reste en elle d’humanité. Incroyablement brut.

Juliette Binoche est époustoufflante dans ce rôle en tension permanente. Les traits tirés, la peau blanche, la tristesse incrustée dans sa chair et ses yeux. Elle est brillante, absolument brillante dans ses monologues, comme dans ses longues pauses immobiles. Pour des raisons personnelles, dès le début du film, je me suis sentie bouleversée. J’ai ressenti des choses très inhabituelles. Bouleversement, ennui, passion, curiosité  tout y est passé. Il n’arrive pas grand chose. On apprend des choses que l’on sait déjà, elle a été internée par sa famille, mais on se demande aussi pourquoi exactement. Puis l’on comprend à quel point elle est restée figée dans le passé, accrochée au souvenir de Rodin, qu’elle a quitté parce qu’il ne l’épouserai jamais. La sculpture lui manque, l’atmosphère lourde d’une vraie désespérance est palpable dans la misère de son ennui

Je suis sortie mitigée. La lenteur et les monologues m’ont parfois mi amusée, mi ennuyée. Cependant, après deux jours de digestion, je suis convaincue qu’il s’agit là d’une perle. Quelque chose qui s’accroche dans les entrailles … Le réalisateur, Bruno Dumont, a su nous montrer la femme, ses failles, dans l’effacement de la célèbre artiste. J’ai été touchée au plus profond de moi.

23 réflexions sur “Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont

    • auroreinparis dit :

      Ce film est une claque, je suis passée par beaucoup d’émotions sans savoir ce que j’en avais pensé sur le coup ! Oui sans ma pote, et sans mon copain car ça le branche pas, donc je sais pas trop quand du coup …
      J’ai hate de voir ton avis sur Camille claudel.

  1. filou49 dit :

    ah comme je le disais dans mon billet de mercredi, si il y a bien un cinéaste dont je me suis juré ne plus voir les films c’est Bruno Dumont dont je déteste et la manière de filmer et la personnalité…j’ai vu ses 3 premiers films et je me suis dit qu’autant de radicalité dans la forme et de détestation de l’humanité sur le fond, c’était vraiment pas mon truc…sans compter le mysticisme récurrent de toutes ses oeuvres… bref ce Camille Claudel n’est définitivement pas pour moi…déjà que j’ai trouvé syngué sabour que tu as beaucoup aimé affreusement lent et statique (j’en parle bientot) alors là j’imagine pas …enfin le cinéaste a ses fans mais quitte à voir du cinéma exigeant et érpouvant il me semble qu’il y a quand d’autres cinéastes à voir plutot que celui ci… bon allez comme on dit si tu aimes pas n’en dégoute pas les autres, mais c’est vrai que dans ses interwiews le type est tellement puant et condescendant que je me suis permis cette petite envolée :o) bon we Aurore…

    • auroreinparis dit :

      C’était ma première avec ce réalisateur, je ne le connais absolument pas ! J’ai surtout aimé la prestation de Binoche parce que la lenteur était parfois éprouvante pour les nerfs, on a même rigolé parfois ac ma copine.
      Et si tu as trouvé Syngué Sabbour trop lent, il est certain qu’il ne faut pas mettre un orteil dans une salle qui jouerait Camille Claudel !!!

      Bon We Filou 🙂

  2. lalydo dit :

    J’ai découvert le la bande annonce hier, je n’en avais pas entendu parler, et je suis bien tentée. Notamment par la performance de Juliette Binoche.

  3. matchingpoints dit :

    Il y a quelques années, nous avions beaucoup apprécié le film de Bruno Nuytten avec Adjani. Cette fois ça nous ne tente pas, pourtant il y a quelques bonnes critiques et nous aimons bien Juliette Binoche dans sa sincérité.

    • auroreinparis dit :

      Je n’avais jamais vu de films de ce réalisateur, et avant de le voir dans les films passant à l’ugc george V, j’ignorais son existence ! C’est tout de même assez spécial, comme style de cinéma !

  4. Zofia dit :

    C’est principalement pour Juliette Binoche que j’avais envie de voir ce film et ton avis me donne confiance, reste plus qu’à programmer la séance 😉

  5. céline dit :

    Il n y a que Binoche qui tire son épingle du jeu de ce film. J’ai cru mourir (bon j exagère un peu) tellement j’ai trouvé ce film vide, lent et inutile…

    • auroreinparis dit :

      T’es morte de rire parfois ? Parce que moi oui, sur le coup, parfois. Mais en fait non, ça a remué beaucoup de choses. Mais je suppose que c’est très personnel …

      • céline dit :

        Pas vraiment de rire non. LE film m’a mis très mal à l’aise par rapport par exemple aux malades que le réal a fait tourner. J’ai trouvé que c était à la limite du voyeurisme et cela m’a dérangé. Effectivement le film doit parler à certaines de nos histoires personnelles mais malheureusement pas à la mienne :/

  6. madameliajuaparis dit :

    Mon problème c’est que quand je pense à Camille Claudel je suis bloqué sur Adjani. Ma g-mère étant fan inconditionnelle de Camille Claudel ET d’Adjani du coup j’ai vu le film assez jeune et ça m’a fortement marqué.
    C’est con mais je ne sais pas si j’arriverai à la voir incarné par quelqu’un d’autre aussi brillante soit Juliette Binoche (que j’aime beaucoup).

    • auroreinparis dit :

      C’est la première fois que je vois un film sur camille claudel, je n’ai pas de point de comparaison, mais en effet, c’est pas évident de passer d’une interprétation à une autre. Cci dit Binoche est brillante !

  7. Livy dit :

    Le « tout est extrêmement lent » m’inquiète un peu, j’avoue. Et pourtant, j’ai envie d’y aller ! La thématique est passionnante je trouve, la personne de Camille Claudel, sa personnalité propre sont si singulières et à fleur de peau… Je redoute un peu car j’ai déjà vu une adaptation cinématographique à ce sujet, et qui m’avait conquise. Mais la perspective d’un bon film sera plus fort que tout.

    • auroreinparis dit :

      Je préviens l’aventureux spectateur, ce moment de ciné est intense, et parfois, tu te demanderas si tu n’es pas tombée dans une faille spatio temporelle tellement c’est lent !

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