Deux jours, une nuit – Les frères Dardenne

2Le film des frères Dardenne, petit favori de la presse, semblait en pôle position pour remporter la Palme d’or. Rien que ça. Pourtant, le jury présidé par Jane Campion en a décidé autrement, offrant la palme à la Turquie à travers le réalisateur Nuri Bilge Ceylan. Néanmoins, à la lecture des critiques élogieuses de la presse, et de quelques-uns de mes blogs favoris, je me décidais, un soir, à me rendre dans une salle de cinéma pour suivre le weekend chaotique de Sandra. Sandra est une jeune femme, en couple et mère de deux enfants, qui vient de perdre son travail. Après plusieurs mois de dépression, alors qu’elle va mieux et souhaite retourner à l’usine, on lui apprend que, par un vote sans appel, elle doit prendre la porte. Le choix avait été donné à ses petits camarades : sauver la place de Sandra, ou garder leur prime.   

Voici les Frères Dardenne qui reviennent avec une fresque sociale sise en Belgique. Sur fonds de crise économique et de fins de mois difficiles, on suit le parcours épuisant, la bataille du désespoir que livre Sandra, poussée par un mari énergique, plein d’espoir, fou de désir de la voir reprendre du poil de la bête. Elle va aller voir chacun de ses seize collègues, soutenue notamment par Juliette, afin de leur demander de renoncer à la prime. Certains se montrent radicaux voir violents, mais la plupart refusent, la mort dans l’âme et pleins de honte. Elle arrive tout de même à en convaincre quelques un et oscille en permanence entre l’envie de se battre, et le découragement profond. Elle est fragile. Se battre et mendier sa place semble au dessus de ses forces. Et pourtant, quel parcours !

Je le déplore, je ne me suis pas attachée à Sandra, qui m’apparaissait comme un monstre d’égoïsme vis à vis de sa famille, et surtout de son mari, qui donne tout ce qu’il peut pour la soutenir et la voir s’en sortir. J’avais terriblement envie de la secouer, de la voir reprendre son bâton de pèlerin au lieu de pleurer en permanence. Marion Cotillard est loin d’être une actrice que j’apprécie, même si elle m’avait bluffée dans « De rouille et d’os » il y a deux ans. Si j’ai hésité à aller voir cet opus, c’est en parti à cause d’elle. Et durant les deux premiers tiers du film, je n’en démordais pas, sa tête de chien battu m’horripilait.

Et puis, dans le dernier tiers, entre scènes dramatiques et superbes moments d’espoir, le visage de Sandra change et j’en ai aimé la fin. Cependant, je n’en sors pas tout à fait convaincue, malgré toutes les qualités que l’on peut reconnaître au film. Pour ma part, j’ai trouvé que les réalisateurs avaient souvent frôlé la caricature, appuyé sur des cordes sensibles trop facile et tiré des fils un peu gros.  Très honnêtement, je me suis ennuyée, malgré mon amour pour la fresque sociale, la bataille qui anime les quotidiens moroses. Je ne suis pas certaine de comprendre tous les éloges de la presse.

11 réflexions sur “Deux jours, une nuit – Les frères Dardenne

  1. filou49 dit :

    ah c’est marrant ca j’ai un avis totalement contraire au tien… les fresques sociales me posent souvent un probleme justement de caricature et de maniéchéisme et le cinéma des Dardenne m’a parfois paru plonger dans cette corde du démonstratif avec des personnages que j’avais du mal à aimer totalement or ici pour une fois je comprends totalement les éloges sur ce film j’ai trouvé les personnages absolument admirables et j’étais totalement plongé et en phase avec leurs combats et leurs luttes… que sandra ne soit pas aimable à 100% et pourrait faire privilégier sa lutte à sa famille est justement ce qui la rend tellement humaine et crédible…et les autres personnages sont également jamais stigmatisés… franchement pour moi c’est un immense film :o) bonne journée à toi!!

    • auroreinparis dit :

      Pour le coup, mon avis est diamétralement opposé au tien. Après avoir lu ton article et vu que les critiques presse l’encensait, j’ai eu envie de le voir. L’occasion faisant le larron, j’ai trouvé un moment pour y aller, mais comme tu le vois, je n’ai pas accroché, et je n’arrive pas bien à savoir pourquoi !

      J’aurais aimé l’aimer moi aussi, mais les gouts et les couleurs hein !

      Bonne journée !!

  2. matchingpoints dit :

    Nous n’avons pas encore vu le film.
    Il est vrai, les échos dans la presse sont très enthousiastes. Comme vous, nous avions apprécié Marion Cotillard dans  » de rouille et d’os », mais il y a quelque chose qui fait que nous ne sommes pas ses « fans », ce qui influence très certainement notre programme des films à voir.
    Merci pour cette critique intéressante et nuancé

    • auroreinparis dit :

      Je suis nuancée car je reconnais des qualités au film, et que je ne peux pas recommander aux gens de ne pas y aller. Maintenant, j’ai le même sentiment que vous sur Marion Cotillard, et je reste circonspecte quand à son interprétation de Sandra.

  3. céline dit :

    Le film est assez déprimant! Moi ce qui m a agacé c est l espèce d’accent belge qu’elle se donne c était du grand n importe quoi! Par contre contre la dépression même entourée d’une famille aimante, on n y peut pas toujours grand chose il y a des gens qui portent çà au plus profond d’eux!
    Mais comme toi, j ai trouvé la fin pleine d’espoir et heureusement parce que sinon tu te pends en sortant!

    • auroreinparis dit :

      Je crois que c’est l’interprétation de Cotillard qui m’a un peu agacée car je sais qu’on ne peut pas grand chose contre la dépression, et que c’est une maladie grave, loin de moi l’idée de dire le contraire.
      Mais j’ai du passer à côté du film …

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