Leto – Kirill Serebrennikov

L’été, en Russie. La caméra du réalisateur suit la rencontre entre Vicktor et  Mike, deux artistes de la scène rock des années 80. Ces deux là ont existé et ont révolutionné la scène rock du pays. Leto se propose de suivre ces jeunes fantasques, dans leurs délires, leurs névroses, leur triangle amoureux, leur musique. Il dure 2h09, et ne souffre pourtant pas de longueurs, tellement le rythme, les scènes belles comme des bijoux, embarquent le spectateur.

Tourné parfois comme un documentaire, ce film dégage une fraîcheur rare, où les tableaux oniriques et fantasmés succèdent aux plans de la vie réelle, où l’imaginaire se lâche, où les filles jettent leurs culottes sur scène, alors que dans la réalité, le jeune public est maintenu stoïque, sous bonne garde. En sortant de la salle, j’ai dis que je n’avais jamais rien vu de tel. C’est tellement rare de nos jours d’avoir le sentiment d’avoir assisté à quelque chose d’inédit. J’avais été séduite par son précédent film, Le disciple, et le moins que l’on puisse dire c’est que ces deux œuvres ne se ressemblent absolument pas.

Souligné d’un noir et blanc sublime, c’est un film pop, pétillant, bourré de trouvailles, et de moments musicaux enivrants. Les mouvements de caméra, la musicalité des scènes, les voix et les instruments comme personnages pleins et entiers, les personnages physiques forts et foutraques comme ce jeune blond aux cheveux hirsutes, tout ça fait de ce film un objet de cinéma très puissant, réjouissant, dont on sort avec l’impression de s’être enivré pendant plus de 2 heures.

C’est une autre image de l’URSS : celle de la jeunesse joyeuse, qui se libère malgré le cadre dans lequel elle est tenue, et qui sort de ce cadre dans son imagination, ou pour danser nue sur la plage. C’est un film vibrant et magnifique.  Une ode à la liberté