Le lendemain – Magnus von Horn

1John sort de maison de correction où il a purgé une peine de deux ans et retrouve son univers, sa famille, le lycée, ses voisins. Un univers qui perd quelque peu ses moyens et ne sait comment l’accueillir exactement : avec froideur, avec hargne, ou en faisant comme si de rien n’était.  Mais comme il n’en est pas rien, un climat de tension et de violence s’installe autour du jeune homme, renforcé par les silences et les abcès que l’on ose pas crever. « Le lendemain » est un film lent, peu bavard, sans musique, tendu, où tout ou presque passe dans les regards, et entrecoupés de brusques éclats de voix brisant le silence.

Le personnage principal, le jeune John, est mutique, en souffrance, à fleur de peau, on sent bien qu’il pourrait déraper à tout moment tant le feu couve dans son cœur. Il pense pouvoir renouer avec le passé, craignant par dessus tout être seul. Le drame qui a mené l’adolescent en prison se découvre au fil du film, avec parcimonie, sans manichéisme ni jugement, avec pudeur aussi. La force de ce film réside dans cette tension palpable permanente, dans la moindre scène, même quand il ne se passe rien.  Le drame n’est jamais montré à l’écran, ni en pensée, ni en flashback, il n’est pas même raconté ou décrit, ce qui permet de garder le cap sur le présent, et se poser de multiples questions sur le personnage principal et ceux qui l’entourent.

Le spectateur se met également à la place de la communauté, le père, qui semble aimer toujours son fils mais que l’on sent sur la défensive, ses anciens amis de lycée qui s’acharnent contre « le monstre », sa nouvelle petite amie qui semble lui faire confiance, au début du moins, la mère de la gamine … Qui est cet adolescent ? Un monstre froid ? Un gamin qui a commis l’irréparable et n’arrivera jamais à vivre avec, attendant que la société lui pardonne pour commencer à se pardonner lui même ? Le thème est profondément difficile à aborder, pourtant le réalisateur y réussit avec finesse, ne posant jamais les questions frontalement tout en les suggérant.

« Le lendemain » parle d’un drame humain qui a causé de nombreuses victimes, à commencer par le bourreau, qui peut être vu comme un véritable révélateur de la société.

4 réflexions sur “Le lendemain – Magnus von Horn

  1. filou49 dit :

    bravo pour ton changement de décor ici ca rafraichit bien :o) plus que ce lendemain effectivement très noir, qui traite avec ce qu’il faut de dureté et d’apreté un sujet très fort, bon ca manque quand meme un poil d’émotion pour moi mais j’imagine que là n’était pas le propos du cinéaste …

    • auroreinparis dit :

      Ah je sais pas, je trouve que dans la tension il y a une certaine émotion. Beaucoup de colère, mais aussi de l’appréhension. C’est un peu noir quoi …

      Merci bcp pour ton compliment sur la nouvelle robe du blog ^^

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