Un film avec Dupontel et Bouli Lanners et c’était l’assurance de me voir courir au cinéma. Largement conquise par Dupontel depuis le tout début, et ayant découvert Bouli Lanners dans « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » de Benchetrit, le duo était une raison suffisante pour découvrir « Les premiers, les derniers », une sorte de galerie de portraits de gueules cassées, du gentil couple d’handicapés errant sur les routes, aux grandes gueules du coin, en passant ce duo de chasseurs de prime recherchant un téléphone volé à un très vilain Monsieur.
Tout commence autour du vol d’un téléphone compromettant que le très vilain Monsieur veut retrouver et qui passe de main en main. « Les premiers les derniers » connecte des personnages improbables dans un univers agricole plutôt désertique. L’image est un peu sépia comme une photo d’autrefois, et les personnages ont tous un petit pet au casque, chacun à sa manière. Ce qui est surprenant c’est de voir un Dupontel beaucoup plus « lisse » que d’ordinaire, interprétant un bonhomme moins caricatural que ce dont il a l’habitude.
J’ai trouvé à la réalisation de Bouli Lanners une véritable poésie, matinée d’espoir et de positivisme. L’image est belle, et l’atmosphère esthétisante. On s’attache aux personnages et à leurs comédiens, notamment Michael Londsale en vieillard fatigué mais toujours si actif « Parce que vivre, ce n’est pas juste respirer. ». Le paysage, froid et plat donne le ton, la vie est morne dans ces contrées. Si quelques longueurs auraient pu être évitées, Bouli Lanners nous offre un moment de cinéma singulier, intimiste, absurde, déroutant, percutant et émouvant. Après Eldorado (2008) et Les géants (2011) que j’ai vus et aimés, voici un nouveau passage dernière la caméra réussi.
Sorte de western dépressif mais plein d’espoir et d’humour « Les premiers, les derniers » contient tout ce qui fait un beau film : des comédiens avec une gueule, une photographie splendide et une vraie réflexion sur la vie.