Pas son genre – Lucas Belvaux

2« Pas son genre« , j’ai eu envie de le voir, puis plus envie, puis je me suis décidée en lisant des articles de blogs enthousiastes. « Pas son genre » c’est l’histoire de Jennifer et de Clément. Elle vit à Arras, il est contraint à y résider quelques jours par semaine, lui c’est un parisien qui considère que sorti du périphérique, on est loin de tout. Un vrai parisien, un bobo, un intellectuel. Elle, c’est une manuelle, avec les pieds sur terre, ancrés dans le présent, et des rêves plein la tête. Lui, c’est un observateur, un peu tiède, il faut bien l’avouer. Elle, c’est le feu, une passionnée qui a décidé d’aimer. Ils se sont rencontrés dans un salon de coiffure où Clément est venu se faire coiffer par les douces mains de la fausse blonde Jennifer.

Sur le papier je ne savais pas bien si l’idée me tentait. Un couple peut-il exister lorsque chacun vient d’un monde si différent, elle manuelle, lui intellectuel, lui dans ses classiques, elles dans ses magazines et autres romans de gare. Lui, le parisien, elle l’Arrageoise. Que peuvent-ils s’apprendre ? Comment ça communique un couple si dépareillé ? Comment ça s’aime ? Bon, ces questions là ne me parlaient pas tant que ça, mais j’étais curieuse de voir comment Lucas Belvaux, le réalisateur, allait en rendre compte.

Je suis sortie enthousiaste. Je venais de voir un film à la fois plein d’espoir, plein de suspens, de coups de gueule, de beauté, mais aussi de noirceur. Jennifer est un personnage finalement bien plus complexe que son romancier d’amoureux, qui doute, se questionne, prend du recul, mais continue toujours d’avancer. La jolie coiffeuse d’Arras pose mille questions, à elle-même surtout, elle gueule, elle rompt, elle ronronne, elle s’enflamme puis elle s’enfuit. En revanche, on se saura jamais ce que pense Clément, ses sentiments et ses débats intérieurs. Je me suis laissée porter par cette fable à la fois tendre et terrible, par ces personnages à cœur et à cri, c’est une belle histoire pleine de larmes et de sourires.

Voilà une belle manière de parler des préjugés, d’un racisme social, d’une certaine lutte des classes, et de ce Paris qui regarde la province de haut. Emilie Dequenne est bluffante, rayonnante, à la fois chatte et lionne, passionnée et lucide. Elle, plus que lui, nous conte cette idylle condamnée. Une fable sensible, fausse comédie romantique, intense, tendue, « Pas son genre » suit un fil conducteur implacable, la dissection clinique d’une histoire d’amour impossible, jusqu’à un finish poignant mais brutal.

13 réflexions sur “Pas son genre – Lucas Belvaux

  1. nanou dit :

    Je l’ai déjà dit mais j’ai vraiment beaucoup aimé ce film. Les acteurs sont très bons, l’histoire, simple, bien racontée. Bref c’est un très chouette film.

  2. filou49 dit :

    je fais partie de ces blogueurs enthousiastes meme si ma critique n’est parue que ce jeudi le meme jour que toi :o) ah heureusement qu’on n’a pas de happy end, le film épousait un point de vue très réaliste ca aurait bizarre que ca finisse comme un conte de fées, on n’est pas dans Pretty Woman la :o) pour moi un des films qui finira à coup sur parmi la top liste de l’année tant il m’a remué…bonne journée à toi aurore!

    • auroreinparis dit :

      Je ne pense qu’il sera dans le TOP 5, il reste encore quelques mois, et j’ai bon espoir d’en voir d’encore mieux mais il se débrouille tout de même vraiment bien, suffisamment pour que j’en fasse une bonne critique.
      Et tu as raison, ce côté réaliste, sombre, ça lui donne un vrai cachet !
      Bonne après midi Filou !!

  3. céline dit :

    Je suis ravie qu’il t ait plu 🙂 J’ai particulièrement aimé ce final sans le happy end convenu. En tout cas pour moi la BA dessert le film parce qu’elle a failli me faire passer mon chemin!

  4. My Little Discoveries dit :

    Je trouve si dommage que de nombreuses personnes passent leur chemin en pensant à cause du pitch que « Pas son genre » est un film plein de clichés… C’est tout le contraire, et comme toi j’ai adoré!! 😉

    • auroreinparis dit :

      Ah oui c’est vraiment tout le contraire, pour ça il est intelligent, et on est loin de la comédie romantique nunuche.
      « Pas son genre » mais le tien, et le mien ! 🙂

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