Julieta, le dernier cru d’Almodovar.

1La bande annonce m’avait laissée perplexe et assez peu intéressée par le pitch. Pourtant, il était hors de question que je passe à côté d’un Almodovar, dont j’ai découvert le travail en 2004 en même temps que Gael Garcia Bernal dans la Mala educacion. Me voilà donc au cinéma pour découvrir ce film qualifié de magnifique portrait de femme et auquel la presse avait accordé ses faveurs. Julieta est une femme dans la cinquantaine, en apparence épanouie et prête à faire ses bagages pour suivre son Jules au Portugal. Lorsqu’elle croise l’amie d’enfance de sa fille, son assurance vacille, sa vie se fissure, elle rompt sa promesse et reste à Madrid.

Julieta déménage alors dans son passé et décide de se raconter à sa fille Antia, en couchant les mots sur un cahier d’écolier. Sa fille … qui rôde dans sa vie et dans le film comme un fantôme du passé. Et c’est au fil de son récit que se dessinent les portraits de femmes que le réalisateur affectionne tant, grâce à une caméra au regard tendre, bienveillant et émouvant. Alors qu’il n’y parait pas au commencement, l’histoire captive, et c’est saisie d’émotions que je suis sortie de cette séance de cinéma. Les rapports mère-fille sont explorés avec finesse, la perte de l’amour filmé avec passion. « Julieta » et sa féminité bouleverse. Sans s’en rendre compte, on se retrouve avec quelques larmes qui roulent le long des joues.

Présenté à Cannes, le réalisateur est reparti sans la moindre récompense quand la réalisation, la scénographie, la photographie ravissent, quand le scénario à tiroirs passionne, quand le casting éblouit. La corde sur laquelle il tire avec sensibilité est celle de nos peurs les plus ancrées, la perte de nos êtres aimés, la fugacité du temps qui file, la terrible culpabilité qui ronge nos relations. Beaucoup de thèmes qui se lient mais n’en font jamais trop. Ce drame mélancolique, brute et doux à la fois, terriblement douloureux, s’il n’a pu se faire une place au soleil de Cannes, devrait s’en faire une belle dans nos salles obscures.

Je vous recommande ce dernier cru d’Almodovar, beau, émouvant, d’une tristesse digne. A vos salles !

Avez-vous vu ce film ? Que pensez-vous du palmarès du festival de Cannes cette année ?

18 réflexions sur “Julieta, le dernier cru d’Almodovar.

  1. Z. dit :

    J’ai beaucoup aimé ton article, bien plus que le film! J’aurai adoré ressentir la même chose que toi, moi qui suis une fan inconditionnelle de Pedro depuis ma naissance puisque ma mère me mettait devant ses films à l’époque où Babar était mon meilleur ami.
    Mais malheureusement j’ai trouvé cette rétro-introspection plate, aucun sentiment n’est venu toquer à la porte de mon cœur ou de mon cervelet.Le film m’a presque donné une sensation d’auto-apitoiement: relater les événements sans évolution dans la réflexion ou dans les sentiments de cette femme…
    Mais je conclurai en répétant que ton article était vraiment super!

    • auroreinparis dit :

      Et bien je te comprends car c’est ce que je m’attendais à voir, la bande annonce m’avait donné cette sensation. J’y suis allée parce que c’est un Almodovar. Et pourtant, au fil du film je me suis aperçue qu’il me tenait complètement, et je me suis retrouvée très émue sans rien y comprendre vraiment. Je l’ai trouvé vraiment très fort !

      Merci beaucoup pour mon article !!

  2. matchingpoints dit :

    Pas encore vu, mais c’est sûr, il est sur notre list, c’est un cinéaste que nous apprecions… Le palmarès semble assez contesté, mais nous n’avons pas encore vu les films du festival ; nous donnerons notre avis après !

  3. tinalakiller dit :

    Difficile de juger le palmarès cannois car je n’ai vu que le film de Pedro donc. Je comprends, en dépit de ses nombreuses et indéniables qualités, son absence au palmarès à cause d’un défaut – le seul pour moi : un peu trop explicatif, du coup on perd un peu en émotion selon moi. Cela dit, ça reste tout de même une belle réussite sur de nombreux points, en tout cas, contente de voir Pedro en forme !

    • auroreinparis dit :

      Comme je le disais sur ton article, j’ai aussi aimé Les amants passagers, du coup même si ce Julieta semble plus « Almodovarien », je ne trouve pas qu’il s’agit d’un « retour » du réalisateur ! Pour l’émotion j’ai été bouleversée moi, et alors mm que je le trouvais super factuel aussi …

  4. Audrey dit :

    Je ne l’ai pas encore vu et je suis assez partagée..; Ton article fait envie, c’est clair, mais j’ai tellement pas aimé la bande annonce que je reste considérablement refroidie. J’avoue ne pas avoir lu de critiques presse pour le moment.

    • auroreinparis dit :

      La bande annonce m’avait laissée de marbre aussi, j’y suis allée parce que c’est Almodovar et aussi grâce aux critiques sur allociné, et j’en suis bien contente !

  5. céline dit :

    Demain pour moi 🙂 Autant les Allen ne sont jamais surs de m’emballer autant Almodovar ne me laisse jamais sur ma faim 🙂

  6. tinalakiller dit :

    Forcément, ton point de vue est logique ! Je comprends ce que tu veux dire, il y a quelque chose de paradoxal dans ce film que t’arrives à souligner.

  7. filou49 dit :

    personnellement le film m’a autant ébloui que toi..totalement sous le charme de la densité romanesque qui s’étend sous nos yeux et cette richesse scénaristique d’un Almodovar dénué du baroque et des effets dont il fait souvent preuve.. totalement enthousiasmé par ce film- la bande annonce m’avait peu marqué mais je l’avais vu en français -damned- et en la revoyant en espagnol je trouve qu’elle est bien dans le ton du film… de mon coté vj’aurais adoré qu’il soit primé à Cannes car il le mérite vraiment largement et même pour ce film là pour moi c’était mérité… je n’ai évidemment pas vu les autres films en compet à part ma loute (beurk :o) et elle hier soir, mais je suis sur qu’il n’aurait pas dépareillé tout en haut du palmares… à force d’être boudé ainsi il va plutot vouloir venir le sieur Pedro… bonne soirée Aurore

    • auroreinparis dit :

      J’ai hâte de voir « ELLE ». Pour « Ma loute » je lui ai trouvé des défauts d’intention mais j’ai quand même bien aimé. Et Pour Pedro, qui a produit de vrais chef d’œuvre, et qui n’obtient rien à Cannes, je ne comprends pas. Je suis vraiment fan de la sensibilité de sa caméra, de sa manière de filmer la femme, et là il m’a bouleversée avec toute la simplicité dont il pouvait faire preuve, je ne sais pas comment il a réussi à faire aussi simple et dense à la fois. Je comprends les critiques mais personnellement il a sur me saisir tout au fond de mon cœur 🙂 Belle journée Filou !

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