Dans une réserve Indienne la vie suit son cours depuis des toujours. Les habitants sont tous un peu parents, ils vivent souvent du rodéo et font parfois des séjours en prison. Johnny et Jashaun sont frères et sœurs, et quand leur père décède c’est une famille de 9 femmes et 25 gosses qui pleure en même temps qu’eux. Elle est une mignonne petite fille, lui est un jeune homme amoureux, elle aime sa terre natale, lui n’a qu’un rêve c’est la fuir. Ce film raconte une tranche de vie peu ordinaire de ce peuple vivant au milieu du désert, dans des décors lunaires.

D’une intensité rare, au sein de décor sauvages et splendides, ce film se vit au rythme des protagonistes. Filmé parfois comme un documentaire, il est une vraie plongée au cœur de la culture Indienne tiraillée entre les enseignements ancestraux e;t ses démons d’aujourd’hui, les démons d’une société minée par la misère et l’alcool. Sans complaisance, sans parti pris, avec un regard neutre, la caméra de Chloé Zhao capte des moments et des lumières d’une grande beauté.

Sans faire de leçon, avec un certain détachement, par de beaux dialogues et de longs silences, la jeune cinéaste chinoise parvient à parler d’un sujet largement inconnu aux Européens que nous sommes, sans nous demander de juger, simplement en nous intéressant à une communauté invisible du Dakota du Sud. Les belles affiches croisées dans le métro m’avaient attirée en salle, et c’est sans réserve que je recommande une très belle réalisation, épurée, sans cliché, parfois cruelle, souvent tendre. Une certaine lenteur comme une langueur désertique pourra déranger, et le film semble parfois ne pas raconter grand chose. Pourtant c’est dans ses détails, ses regards, et la beauté de certains paysages que cette oeuvre prend ses lettres de noblesse. 

Première oeuvre singulière d’une jeune réalisatrice à l’avenir prometteur, « Les chansons que mes frères m’ont apprises » mérite d’être vu.