Cavalcade – Bruno de Stabenrath

2S’il y a une chose que j’aime bien , quand je dois faire de la place chez moi, c’est amener mes livres chez Bolinier. Ils les reprennent pour une bouchée de pain, mais peu importe, car ce que j’aime le plus, après, c’est de fouiller dans les rayonnages et repartir avec deux fois plus de livres que ceux déposés. Lors d’une de ces razzias, je suis tombée par hasard sur ce livre dont la couverture m’a intriguée et attirée. Une femme en talons aiguille, des jambes fatales, et les fesses posées dans un fauteuil roulant. Couverture dégradée bleue, et ce titre Cavalcade. Après avoir lu la 4ème de couverture en diagonale, je l’ai glissé dans mon sac. Grand bien m’en a pris. C’est l’histoire de Léopold Champollion, un mec de la jet set, comédien, chanteur, musicien, amateur de femmes, et sérial lover. Un jour de mars 1996, sa vie bascule sur une route nationale en compagnie de Gwendoline, sa dernière conquête. Dans l’accident il a perdu ses jambes et ses mains, et au delà de ça, sa vie d’avant. Bienvenu dans le monde de la tétraplégie, un monde de douleur et de batailles.

Le plus poignant là dedans ? Il s’agit d’une autobiographie. Poisson Chat, c’est Bruno de Stabenrath. Dans ce roman, il raconte ses quatorze mois passés à Garches à appréhender ce nouveau corps qui ne lui répond plus. Malgré son lourd handicap, Leopold reste un homme, un homme qui aime les femmes, le sexe, et ce sujet n’est jamais passé sous silence. Mais comme pour tous les autres sujets, pourtant d’une tristesse à fendre l’âme, l’auteur a utilisé l’humour. Il désamorce beaucoup de situations grâce à une plume drolatique, et de vraies tranches de rire. A côté de cela, j’ai souvent eu envie de pleurer. En une phrase, je passais du rire aux larmes. Un mot, une phrase pudique, et l’ampleur de sa situation nous prend à la gorge. J’ai aimé ce livre pour le style de l’auteur. Dédramatisant, badin, parfois indolent et souvent insolent. Mais aussi extrêmement bouleversant, avec le mot juste, l’image adéquate.

Les chapitres sont courts, le style incisif et mordant. Le rythme est du coup plutôt soutenu, sans temps mort. Je l’ai dévoré mais j’avais parfois besoin de reprendre mon souffle car certains passages sont bouleversants. Et encore ! Avec tant d’humour dans ces pages, on a du mal à imaginer l’ampleur de la douleur physique et la détresse morale. Pas une once de pathos. Les moments difficiles, ceux où il est au bord de l’abîme sont décrits avec une immense finesse et une vraie beauté d’écriture. Le lecteur se trouve en permanence sur un fil, comme un funambule, entre comédie et tragédie.

 » Le fauteuil n’est pas un jeu, la tétraplégie n’est pas un loisir. C’est une vie défigurée, un ralenti juste avant la mort ».

« C’était dans ces contextes dramatiques que se révélait un individu, dans sa grandeur comme dans sa lâcheté :  » Pour le meilleur et pour le pire… ». On envisage jamais le pire. »

Paru en 2001, le roman a été adapté à l’écran en 2005 par Steve Suissa avec Titoff en personnage principal. Je vous avoue que je n’en ai jamais entendu parler ! En revanche si vous le trouvez, n’hésitez pas à lire son livre, je le recommande chaudement.

 Avez-vous vu le film ? Entendu parlé du livre ? 

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