Biutiful – d’Innaritu
Dans une ville de Barcelone pauvre, miséreuse et sale, loin des clichés de ville vacances aux touristes agglutinés sur sa plage ou les escaliers de sa Sagrada Familia, nous voyageons au gré des dernières semaines d’un homme usé , et acculé par une maladie incurable.
Les 2h18 de ce conte urbain qui finira forcément mal, coulent douloureusement devant les yeux des spectateurs. Pas de temps mort avec Uxbal dont nous suivons la lente chute sans pouvoir rien y faire … On voudrait le prendre dans ses bras, ce mâle à la tronche de boxeur cabossé, à la gueule cassée, lui dire que tout ira bien. Un film rapeux comme la perpétuelle barbe de trois jours d’Uxbal, hystérique comme sa femme bipolaire aux troubles continuels, violent et acerbe, d’une tristesse incommensurable comme ces clandestins morts asphyxiés dans leur tôle.
Y’a rien de drôle la dedans. Ca suinte la mort et le désespoir. Un desespoir dessiné d’un pinceau de maitre, avec une maitrise époustouflante, et qui nous trace un film d’une étrange beauté. J’aimais Bardem. Aujourd’hui, il trouve place dans mes interpretes fétiches par sa grâce, sa gravité et sa présence simplement sidérante. Il a d’ailleurs reçu le prix d’interpretation masculine au dernier festival de Cannes.
Le réalisateur signe là un film dénué de pathos et matiné d’une puissance fabuleuse. J’avais aimé 21 grammes, film puzzle retraçant le destin entremelé de plusieurs personnages, mais je trouve qu’il atteint là un sommet en ne suivant le chemin que d’un seul homme.
A ne pas manquer mais ne va pas voir ce film un dimanche après midi pluvieux où le cafard aurait élu domicile dans tes intestins, tu en sortirais trop mal en point.
