Un contrat – de Tonino Benacquista
Présentée par les comédiens de la Compagnie du nouveau monde, « Un contrat » est une pièce de théâtre écrite spécialement pour la scène par l’auteur Tonino Benacquista, qui est par ailleurs un scénariste à succès (De battre mon coeur s’est arrêté, notamment). Cette pièce, écrite en 1999, a résonné avec force en ce 1er vendredi de mars, en pleine crise de la réforme des retraites et du Coronavirus. Alors que le monde suit péniblement les chiffres de contagion du virus, que nombre de villes sont mises en quarantaine, que certains pays ferment leur frontière, nous avons passé 1h30 à nous interroger sur ce qu’est la peur.
Un homme entre dans le cabinet d’un psychanalyste réputé. On sent bien que cet homme a quelque chose de louche, de violent, de brutal. Très vite, même sans réellement le dire, le public, et le praticien, comprennent que c’est un chef de gang. Atteint d’angoisse, il veut être soigné, vite. Un type dans sa position n’a pas le droit à la faiblesse, il se ferait bouffer illico. S’en suivent des discussions d’une grande profondeur, sur ce qui nous musèle, sur ce qui domine le monde, sur ce qui enchaine les hommes. Celle grâce à qui les puissants contrôlent les faibles. Ce chef de gang s’appuie sur elle depuis toujours pour obtenir ce qu’il souhaite. Elle, c’est la peur.
Le truand a la loi du silence comme règle de vie, le thérapeute, celle de la parole. Dans ce huis clos tendu, ce sont deux irréconciliables qui s’apprivoisent, se menacent, se supplient. Les dialogues et les monologues sont écrits avec une très grande finesse et une intelligence qui résonne en chacun de nous. Si les emportements sont théâtraux, les deux comédiens Patrick Seminor et Olivier Douau, dessinent deux personnages en lutte, bien décidés l’un comme l’autre à sauver leur peau.
Décor sobre. Quelques silences. Une angoisse palpable dès l’arrivée du patient, qui ne lâche plus ni le thérapeute ni le public, jusqu’à un dénouement innatendu. « Un contrat » est un polar psychanalytique qui interroge sur notre condition humaine, sur nos schémas, sur les routes que nous empruntons. Divertissant, mais pas que.
Où ? Théâtre du gymnase – Studio Marie Paul Bell (Métro Strasbourg Saint Denis
Quand ? Du jeudi au samedi à 20h30 – Jusqu’au 21 mars à Paris, puis la pièce va se balader, jusqu’à Avignon cet été.
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Une pièce bien assortie au moment !
Oh je crois que c’est bien assorti à notre espèce humaine surtout hihi 🙂 mais oui ça résonnait fort !
Ouh, ça me plairait bien ça. Faute de pouvoir aller au théâtre en ce moment, j’ai vu que la pièce était en vente, chez Gallimard, je crois. J’essaierai de la chopper.
J’étais assez fascinée par la force avec laquelle résonnait les mots. Ca m’a donné un coup de pep’s pour ne pas céder à la sinistrose ambiante. !