J’avais lu un très joli billet sur ce film, mais doutais d’avoir le temps de le voir parmi les sorties de ces dernières semaines. Et pourtant, peu inspiré par les films encore non vus et à l’affiche, je me rappelais de ce billet et optais pour « Fatima », un film relativement court. La caméra de Philippe Faucon suit une femme vivant seule avec ses deux filles. Nesrine a 18 ans et des rêves d’étude de médecine plein la tête, Souad a 15 ans et maudit l’activité de femme de ménage de sa mère, se rebellant contre elle avec la violence de son adolescence.

Elle, elle trime, tente d’élever ses deux gosses, d’apprendre le Français, courbe la tête mais pas son âme. Film sensible, il aborde de diverses problématiques, l’identité sociale dans un pays étranger, la difficulté d’élever des enfants, le sens du sacrifice. Filmé sans faux semblants, sans fioritures, sans ambages, il l’est en revanche avec une vraie finesse. La comédienne qui interprète Fatima, Soria Zeroual, est d’une douceur incroyable, totalement crédible. Actrice non professionnelle, elle est elle-même femme de ménage avant d’être devant la caméra. Elle a été mon coup de cœur de ce visionnage.

La question principale reste la difficulté de l’intégration. Le réalisateur a traité ce thème avec justesse, sensibilité et finesse. Au delà, c’est la relation mère-filles, la difficulté de garder le lien avec des enfants qui grandissent et le fossé qui se creuse entre deux générations, thèmes universels, qui sont abordés. Subtile analyse sociale, au cadre épuré mais au fond dense et solide, précis, Fatima est un grand film doux et discret.

Vous l’aurez compris, malgré les grosses machines qui sortent en ce moment, je vous recommande Fatima, court et qui va à l’essentiel.