Louis Garrel se lance dans la réalisation d’un long métrage. Et quand il se lance dans la réalisation de son premier long, c’est à Vincent Macaigne et Golshifteh Farahani qu’il propose de vivre cette aventure en les faisant figurer au casting. Les deux amis se présente comme une sorte de triangle amical et amoureux, entre trois personnalités que tout oppose. Mona est une jeune femme entravée, travaillant le jour dans une gare à vendre des sandwichs et retournant chaque soir dormir en prison. Clément, garçon parfaitement lunaire et figurant de cinéma de son état, tombe amoureux d’elle. C’est tout naturellement qu’il en parle à Abel, un peu connard et écrivain.

Je me suis rendue au cinéma pour voir ce film, essentiellement attirée par le casting. Elle, Golshifteh Farahani, une comédienne remarquable, que j’ai énormément aimé dans Singué Sabour qui me l’avait faite découvrir. Une fois de plus, cette comédienne démontre tout son talent, solaire, nerveuse, troublante, ambiguë, elle incarne un personnage complexe avec toute la grâce dont elle dispose. Pilier central de ce triangle, elle est aussi le pilier central du film autour duquel se déroule l’histoire d’amitié de ces deux hommes.

L’histoire en elle même se révèle prenante au cours de la première moitié du film, grâce à la découverte des personnages et des interactions qui se créent. Quelques scènes viennent éclairer d’un humour absurde cette histoire de rupture amicale. Le thème est simple et profond à la fois : explorer l’amitié virile qui se délite à cause de l’autre sexe, celle qui envoute de son charme l’un et l’autre. Le problème c’est qu’il s’essouffle dans la seconde partie, hésitant mollement entre plusieurs parti pris, et trainant trop en longueur des scènes non essentielles. Il ne manquait finalement pas grand chose pour en faire une réussite, c’est un film qui marche sur une corde raide, manquant de tomber dans le mélo sans y plonger toutefois tête la première.

A la fois libre, émouvant et tendre, « Les deux amis » n’est pas exempt de quelques problèmes de ryhtme et de réalisation. Il vaut cependant le coup d’œil pour les questions qu’il pose et surtout le casting qu’il propose.