Découvert en seconde, avec l’opus violent et cru » J’irai cracher sur vos tombes« , Boris Vian, qui écrivit ce livre sous le pseudo de Vernon Sullivan, ne m’a plus quitté. Je viens de terminer « L’écume des jours » et » L’arrache coeur« , de petites perles de poésie, et d’originalité.
Boris Vian, c’est également le jazz, qu’il a commencé à pratiquer en 1937 et qui rythme gracilement son opus l’Ecume des jours. Cette oeuvre décalée, aux personnages fantasques , m’a fascinée. Les thèmes abordés sont classiques : l’amour, la maladie, la mort, l’amitié, les passions ( notamment celle de Chick pour Jean Sol Partre), mais traités avec une telle originalité que l’oeuvre en est passablement déroutante. Dès la premiere page, on entre dans un univers absurde et étrange, cela grâce au jeu des inversions notamment. Par exemple, l’un des deux personnages principaux, Chick, est ingénieur et donc très pauvre, à l’inverse des ouvriers. Vous y verrez des souris qui cohabitent avec les humains, des maisons qui rapetissent, des conférences de Jan Sol Partre qui virent à l’émeute, des nénuphars de poumon qui auront raison de la belle Chloé, et un enterrement de pauvre des plus singuliers … Bref, une ballade dans un monde étonnant que je recommande vivement.
L’arrache coeur aborde d’autres thèmes, notamment et surtout, non plus l’amour dans un couple, mais l’amour d’une mère. Un amour inconditionnel et passionnel. Le livre est divisé en trois parties et narre le parcours de Jacquemort, psychiatre nouvellement arrivé au village, et de Clémentine, la mère des triplés (« trumeaux »). Là encore, le roman est extremement riche en situation incongrues et déroutantes, d’actes qui nous semblent absurdes alors que c’est la norme dans ce village. Beaucoup d’élements appartiennent clairement au courant surrealiste. C’est un monde sans la moindre valeur morale où les apprentis sont litteralement tués à la tâche, les étalons cloués au pilori en cas de mauvaise conduite et les vieux vendus aux enchères. Aucun remord puisqu’ils ont « La gloire » chargé de détruire leurs mauvaises actions afin de libérer leurs consciences …Ce roman c’est aussi des enfants qui volent (au sens des oiseaux) pour trouver leur liberté, et se détacher d’une mère trop possessive. Ce roman fut le dernier de Boris Vian, et l’on notera que son titre l’Arrache coeur, désigne, dans l’Ecume des jours, une arme redoutable …
Jubilatoires. Truculents. Innovants.
L’auteur est resté inconnu du grand public jusqu’à sa mort, et peu aimé par ses contemporains. Mais 3 ans après sa mort, ce funambule onirique rencontre tout de même ses lecteurs et les entrainent avec lui dans un monde imaginaire, loin des règles, de l’ordre et du sens commun.
Boris Vian, c’est ces deux romans, mais c’est aussi une multitude de texte ( Le déserteur, par exemple …), c’est le théâtre, le cinéma … Je vous invite à en apprendre plus, à cette adresse : Boris Vian